Le Théâtre de la Cruauté est un texte qui prend vie sous l’empreinte de la chair et du mouvement. Le corps de l’acteur et le corps du danseur se confondent au service d’une prose insolente, mystérieuse et jubilatoire.
Les références au corps et au mouvement sont vite nombreuses dès que l’on évoque ce texte : mordant, renversant, organique. Notre parti pris est de laisser le texte posséder le corps. Chaque mot stimule les sens. La mélodie du corps du danseur parle directement au propre corps du spectateur. Véritable amplificateur des sens, le corps exposé sur le plateau invite chacun à s’associer à cette danse.
Alors le texte, au-delà de sa dimension poétique, peut nous apparaître dans son sens. La réhabilitation du corps comme territoire perdu de la prise de conscience de soi, à soi et au monde.
C’est lui qui subit les affres du monde et de sa mort annoncé ; c’est aussi en lui que se loge la vérité de l’homme comme véritable acteur du scénario de la vie. Artaud et nous Convoquer littérature, théâtre et danse dans le même huit clos, n’est pas chose aisée. Le choix de ce texte n’est pas anodin car il s’inscrit dans une tradition orale. Antonin Artaud, dans sa fulgurance, réconcilie ces trois expressions. Loin de les opposer, il leur restitue une fonction d’un corps territoire de témoignage de l’homme sans sa finitude mais aussi dans la révélation de sa liberté.
Danseur : Jérôme Sanson