Création 2002/03
Projet : mise à corps sous tension
Dans désamour à mort, l’auteur impose au spectateur une vision volée, voilée, et violée du corps féminin dansant en prise avec ses affects, ses questionnements identitaires ainsi que ses pulsions organiques révélés par leur mise en espace internet et externe.
Agissant par une manipulation complice, danseuses et chorégraphe s’inventent une danse sous tension qui souffre l’être et sa difficulté d’être au monde.
A travers elle, ils aspirent à éprouver et révéler l’absolu et les limites de la quête amoureuse pour la partager en vérité possible.
Disciplines (contemporain, hip-hop, flamenco, moderne, académique), un seul corps métis.
La danse ici proposée échappe à la simple juxtaposition de diversité ethnique. Elle se construit par l’oxygène et le fracas de la parole silencieuse de danseuses dans une matière de corps commune. Cette matière, nous la nommons « corps urbain »/
Elle se révèle comme une mise en tension du corps, du mouvement et de l’imaginaire. Cette tension s’articule entre un premier référent d’un corps en mouvement pulsionnel, explosif et fragmenté (tradition assimilée aux danses urbaine, africaine, flamenco, jazz, au corps en lutte, au défi provoqué et provoquant) et un second état référant agissant au sein même du corps, fait d’une présence « matière » qui suspend le temps, caresse l’espace, invite au vertige (sont ici en jeu les approches du geste dansé d’expression contemporaine, moderne, et classique, dans leurs abitus voués à l’envol, la légèreté, la suspension et l’abstraction).
Danseuse : Gaëlle Gillieron – Photographe : Patricia Arminjon
Épreuves, trois étapes : des amours à mordre, désamour à mort, à mort le désamour.
Des amours à mordre : naissance de l’élan vers, du sentiment de jouissance, parole qui éructe une attitude de séduction du sujet au monde objet de désir, corps féminin ?
Désamour à mort : corps en conflit. Se vit comme objet, interroge le sujet victime ou aboie, témoignage de fuite et d’enfermement. A la recherche d’une parole explicative, d’une rencontre face au silence, à l’épuisement du désir.
A mort de désamour : la danse se met en danger de mort, revisite son histoire. Elle se met en quête de vérité plus que de survie.
États : corps en crise, élan amoureux, corps métis, effroi du désamour
Corps, lieu de crise entre sa dimension pulsionnelle et expressive et son aspiration à la spatialisation et à l’abstraction. Corps métis (pluriethnique), schizophrène (en conflit), déchiré entre pulsions libidinale et jouissive et aspiration abstraite et légère.
Danseuses, espace et contacts sont envahis par cette double aspiration. L’amour est une double aspiration à éprouver (sur un mode pulsionnel) et à élaborer (poser et comprendre, alléger et être).
Le désamour révèle un conflit archaïque entre nécessité, fuite des affects et aspiration à une élaboration maitrisée.
Le désamour sème le doute, retient l’élan, noie la vérité comme un poisson, met le corps à l’épreuve entre affect et abstraction.
Danseuse : Julie Oosthoek – Photographe : Patricia Arminjon
Témoignages d’une vérité brulée.
Six danseuses font vivre le projet par la singularité de leur « corporéité » et de leurs identités. Elles s’expriment à partir de traditions de mouvements aux genres variés et repérables, contemporain, hip-hop, moderne, flamenco.
Cette diversité d’identité et de genre témoigne de la complexité d’état de corps et d’expression liée au défi amoureux. Ces femmes sont confrontées à la question de mise en acte de l’intention amoureuse qui se brise dans l’attente de l’autre et dans l’espoir d’une parole qui autorise et répare. Leur témoignage est chargé de « féminin », brulé, désossé, incarné, mais aussi d’une présence androgyne existentielle et vorace. Ainsi elles peuvent affronter le mur du désamour comme une pulsion de mort.
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