« La danse qui parle à l’inconscient des corps, à la mémoire physique des gens, à tout ce qui ne peut pas être dit, offre un ensemble d’archaïsmes fondateurs dans la relation à autrui, dans l’intimité significative aux éléments, que je retrouve dans « mon » expression contemporaine. »

Alain Gonotey

 

Le Chorégraphe

Alain Gonotey – Le Chorégraphe

Afro-européen, Alain Gonotey pressent dans la translation charnelle et intérieure qui s’opère dans sa conscience et son expérience de danseur, les éléments d’une adéquation vive, alerte à l’inquiétude sourde de nos civilisations.

La danse – qui parle à l’inconscient des corps, à la mémoire physique des gens, à tout ce qui ne peut pas être dit – offre un ensemble d’archaïsmes fondateurs dans la relation à autrui, dans l’intimité significative aux éléments, qu’Alain Gonotey retrouve dans « son » expression contemporaine. Elle s’exprime dans un regard sur une modernité vouée à la rencontre entre une abstraction poétique du geste et une interrogation politique des codes et représentations d’univers académiques, ethniques et contemporains qui définissent les relations entre individus, la matière et le monde.

Etudiant en Sciences Politiques puis en psychologie, il rencontre la chorégraphe Françoise Texier avec qui il explore les démarches de la danse contemporaine en rupture avec les modélisations et l’élitisation du sujet de la danse académique.
Il diversifie alors ses modes de formation (conservatoire de Bordeaux, formation professionnelle du danseur académique et moderne avec la compagnie NBDC, Nick Blumendfeld’s Dance Compagny) afin d’appréhender la diversité des savoirs académiques et contemporains pour mieux se construire et clarifier les enjeux esthétiques de ces différentes démarches.

Dans l’atelier de danse qu’il anime au sein d’un institut médico-pédagogique, soutenu par Michel Caïd, professeur en psychopathologie, à l’université de Bordeaux II, en 1986-87, il entreprend d’amener de jeunes adolescents en difficultés, par le moyen de la danse contemporaine, à déceler des correspondances de leur monde intérieur et de leur propre perception corporelle.
Co-chorégraphe en 1989 de la compagnie D’ici Danse (association Adage), il illustre dans une démarche pédagogique et créative l’alliance des expressions stylistiques moderne et contemporaine, et une mise en forme des questionnements propres à inspirer une renaissance de l’être à ses origines universelles.

Il fonde en 1992 la compagnie Lullaby avec des danseurs animés par le goût de la recherche sur le mouvement et le désir d’enrichir et développer leur potentiel expressif. Interventions scéniques, créations et actions de terrain lui ont fait mettre en situation cet univers de résonances profondes entre le sacré, le rituel, le langage des corps ; là où il peut encore s’inventer.
Il en garde le goût d’allier en permanence, une démarche de création avec la compagnie ou au service d’autres projets, et une inscription sur le terrain pédagogique et les terrains dits sensibles, notamment politique de la ville et prévention judicaire de la jeunesse.
Il lui semble qu’au-delà de la danse, c’est le corps dans sa pensée et la mise en relation avec le monde qui est le véritable engagement du chorégraphe. Dès lors, les pratiques amateurs, et les inscriptions dans un « genre » hip-hop, jazz, danses ethniques, vont faire partie de son travail de recherche.

Son passage au département de recherche en danse de l’université de Paris 8 en 1998, va confirmer ses intentions expressives tout en lui fournissant un étayage propre à dissoudre et réinterroger les codes de la modernité pour mieux s’inventer. Hubert Godard, Isabelle Launay, Isabelle Ginot, Dominique Brun, Christophe Vavelet, Odile Duboc, Karine Waehner ont contribué à cet éveil propre, à une reconnaissance de soi dans le monde.

 

Voir également le Curriculum Vitae d’Alain Gonotey