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Nous travaillons avec environ 50 à 70 personnes, qui sont plus des performers que des danseurs car ils sont issus de champs expressifs différents : comédiens, sportifs, circassiens… Il nous faut des personnes qui jouent pleinement le jeu. Au début, on organise des temps d’explication du projet. Beaucoup viennent là car ils veulent vivre une expérience forte, il ne s’agit pas juste de les déguiser et de les mettre sur la voie publique. L’idée, c’est de leur faire vivre un vrai processus de création, de leur raconter l’histoire, l’intention thématique. Ils doivent traverser cette aventure comme un éveil à des stades différents.

La première chose, c’est le récit qui doit leur donner envie d’être là, les rassurer sur l’idée que ce sera une épreuve mais que jamais ils ne seront mis en danger en terme de justesse, en terme disciplinaire. Une fois que l’on a posé le récit, que l’on a parlé du lien que l’on aurait ensemble, on ritualise cela par un cycle de rendez-vous, que l’on essaie de faire vivre de la manière la moins ennuyeuse possible. On sait que l’on aura à gérer des phases un peu dépressives chez certains, car ils ont des attentes qu’il ne faut pas décevoir, s’ils sont déçus ils risquent d’être dans une dynamique moins participative, il faut leur proposer des choses qui dès le départ leur donne le sentiment de partager une expérience forte et unique ensemble.

Ensuite commence le temps des premières répétitions qui sont là pour faire du lien, explorer ce qu’est une tribu, chercher en direct avec les acteurs. Il y a aussi un grand travail sur la physicalité. À cela, s’ajoute des temps off avec de petites équipes, où l’on anticipe sur du matériau que l’on construit pour faire un travail de réécriture pour que les contraintes du grand groupe soient minimisées. Il y a aussi les costumes qui offrent des possibilités et des impossibilités, et c’est à nous d’élaborer des propositions qui mettent les performers dans un processus d’exploration. Il faut que les contraintes arrivent comme un jeu, une résistance, une double attitude, c’est là que surgit la poétique.

On essaie aussi de vivre les choses au plus près du réel, de conserver une dimension ludique. On expérimente en extérieur, l’idée c’est d’éprouver « cet entre nous » qui va être regardé et de voir ce que l’on est capable de conserver de notre récit lorsque l’on est dispersés par l’espace urbain.

Donc, on fait du lien, on cherche, on s’approprie le récit et à un moment on prend une option, et il faut qu’ils apprennent à la défendre, même si à un certain stade elle est encore un peu bancale, ça participe du processus. Et là commence un autre travail, et enfin arrive le récit final avant de rentrer sur scène.

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