La Création
Dans notre souci constant de porter un regard sur la corporéité dansante de l’autre – son histoire corporelle -, nous interrogeons l’imaginaire et l’esthétique véhiculés par les danses urbaines, en les dé-construisant pour mieux “entendre” en quoi elles nous parlent sur le mode de l’altérité. Qu’en est-il de la compatibilité de la perception rythmique et explosive proposée par les danses urbaines et ethniques, avec la revendication mélodique et “existentielle” affichée et perceptible dans les techniques historiquement dominantes : moderne, classique, contemporain ?
La dimension d’un corps urbain entre errance, distorsion et suspension, appartient au métissage des techniques et des présences portés par les danseurs. La danse Hip Hop nous semble n’être que l’expression la plus spectaculaire de la distorsion des corps. Le “bain” ici proposé empreinte à l’univers sonore et gestuel des tribus urbaines : rap, techno, images, sample, zapping… La recherche de matière, propre à la suspension et à la distorsion explosive du mouvement permet de suspendre et de fragmenter quelques codes et repères propres à l’urbanité des corps. Ce “bain” d’énergie urbaine se fragmente, se distord et propose une danse à l’image de la dualité entre suspension et distorsion.
Danseuses : Valérie Guirriec et Marie Commandu
Les Prolongements
Cette première pièce, de 20 minutes, met en situation trois danseuses et un chanteur de rap qui affichent un projet de corps urbain sans perdre leur identité. Ils sont ballottés entre deux matières : l’allègement et l’errance de la suspension, la fragmentation, l’accélération et la projection des distorsions. Le travail sur les appuis nourrit cette double musique.
Cette danse que nous définissons comme urbaine est proposée sans faire appel à la présence de danseurs de technique Hip Hop. Le corps urbain n’est donc pas réservé à des corps repérés, stigmatisés et souvent manipulés, de par l’identité qu’ils affichent.
Pour continuer à interroger ce qu’est un corps urbain, il nous semble intéressant de faire une place aux présences les plus niées dans la constellation des corps dits urbains, à savoir les danseuses de technique Hip Hop. Leur présence fragile et souvent refoulée sera interrogée dans une deuxième pièce. Le travail avec les danseuses de la première pièce vise à leur donner un espace où elles pourront affirmer leur singularité.
Le corps urbain se définit alors aussi comme celui de l’altérité, de la rencontre des techniques, de la rencontre de l’autre.