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La collaboration avec Charlie est très fluide, il est le directeur artistique, moi le chorégraphe. À titre personnel, quand je suis l’auteur je peux être dans des résistances, des insistances excessives pour ne rien lâcher sur mon travail mais là, j’accepte complètement le jeu. Être en empathie avec quelqu’un qui pose un cadre thématique, une méthodologie c’est quelque chose qui m’intéresse beaucoup.

Pour Charlie, l’artiste est un être conscient de sa responsabilité, en capacité de décision. Il pense beaucoup par images. Dans son travail, il est à l’écoute, il demande toujours la complicité. Il nous a laissé carte blanche sur les choix du matériau, on sentait son équipe plus inquiète que lui notamment sur les surprises que nous préparions avant de les valider. Il exprime ses opinions mais en n’étant jamais dans une position de pouvoir, c’est le présupposé qu’il me fallait pour travailler avec lui.

Il est toujours ouvert s’il pense que ce qu’on lui propose d’expérimenter donnera du sens à l’ensemble. Par exemple, sur la 1ère édition, comme il venait avec des costumes qui avaient de la valeur, du poids et qui déclinaient une identité de lui que l’on connaissait à travers le monde, la première idée a été de travailler avec des mannequins, plutôt black. Finalement, l’échange a amené à une expérimentation plutôt avec des danseurs. Il a accepté que l’on teste l’idée, conscient que ça produirait autre chose, de l’inattendu. Que ce soit bien ou pas au final, l’important est de tenter de renouveler quelque chose. L’essentiel dans une collaboration, c’est d’être dans l’échange, la valorisation réciproque.

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