MonstreGonflé
Les deux premières éditions nous ont mis face à des impossibilités, à des questionnements qui s’articulaient autour de 3 grands axes :

Que peut être un carnaval dans une région où il n’existe pas de tradition ?
Par exemple, dans le nord de la France, tout au long de l’année les gens participent à des rituels, à des manières d’être ensemble dans la fête. Dans le Pays Basque, à travers des manifestations, les gens revivent des traditions, se préparent, jusqu’à un moment exutoire où surviennent des lâcher-prises, des prises de risques relationnelles fantastiques. Au Brésil, toute l’année les gens sont dans une physicalité d’états de corps qu’ils vont rejouer lors du carnaval.

Qu’est-ce que c’est que l’espace public ?
Quel sens ça a ? Qu’est-ce que ça signifie de s’en emparer ? Qu’implique ce mode d’exposition-là ? Dans l’idée de la rue, il y a aussi une dimension transgressive qui est sous-tendue mais qui doit permettre au public d’avoir une forme de participation.

Qu’est-ce que c’est que donner du sens ?
Nous, qui ne sommes pas des spécialistes d’une danse ludique, nous avons du élaborer un sous-texte. C’est-à-dire, proposer des éléments qui donnent à capter, qui créent des modes poétiques, des sensations d’étrangeté en les inscrivant dans l’intention du projet qu’ils questionnent.

Par exemple, lors de la 1ère édition « Monstres », on ne s’est pas mis à distance, on a joué l’inquiétude de ces créatures qui envahissaient Bordeaux, et en même temps on a cherché à exprimer leur immense désir d’amour. Le sous-texte était la problématique des migrants : qu’est-ce que c’est que d’arriver dans un endroit avec la “monstruosité” de toutes ses différences ? On a aussi joué sur les va-et-vient aimé/rejeté tout en s’inscrivant dans des problématiques ludiques. Les cultures festives qui ont le plus imprimé sont des cultures qui ont créé de l’adhésion autour de gens qui semblaient éloignés de leurs valeurs, mais dont la forme extérieure véhiculait une telle capacité d’émotion, de démonstration que même ceux qui n’y lisaient pas le fond/le sous-texte étaient en capacité de prendre pleinement part à la fête.

On a cherché à produire ça consciemment en ne donnant jamais de leçon au public ou en tentant de s’inscrire dans une vérité.