AlainCarnaval

Je suis toujours soucieux des responsabilités que je donne aux gens avec lesquels je travaille. Je leur explique que tout le processus sera un sujet d’inquiétude permanente et que c’est ce qui fait aussi la beauté de l’aventure. On met en jeu une dynamique de travail où jusqu’à la dernière semaine tout peut bouger : Charlie peut faire des choix tardifs, les contraintes matérielles, logistiques nous amènent parfois à revoir certaines options. On est dans une situation à la fois très mouvante et très organisée. Je fais en sorte d’être présent à toutes les étapes : conception artistique, temps de réalisation, problématiques de communication, de visibilité.

Après avec les équipes proches de moi, ça implique une complexité de stratification, d’appropriation du projet. Souvent dans ce type de manifestation, on fait venir les gens le matin, on les customise et on crée une déambulation. Ici, l’idée est de créer les conditions d’une vraie réflexion sur le corps, la motricité, sur ce que ça raconte en valorisant ce qui est créé.

On est dans des modes de discussion sur l’œuvre proches d’un processus solitaire, où il y a des systèmes d’écriture/réécriture. Le résultat final est fait de choses qui ont minutieusement été organisées, pensées et de choses inventées sur le moment qui doivent exister, mais qui doivent être stimulées avant pour qu’elles aient un intérêt. Ça suppose un système d’aller-retour complexe. Parfois, il y a des choses qui flottent jusqu’à la fin. Il y a aussi la contrainte de travailler avec un directeur artistique qui est loin (à part la dernière semaine) mais qui a le bon sens de donner beaucoup d’autonomie une fois qu’il sait que le travail est valorisé.